Chances de réussite




Quand j’ai su que j’allais devoir faire des traitements pour avoir un enfant une question a commencé à m’obséder : est-ce qu’on a beaucoup de chance que ça fonctionne et dans ce cas il faut juste être patient ou est-ce qu’il y a un réel risque pour que ça ne fonctionne pas et qu’au final on se retrouve sans enfant ?

Je savais de manière indirecte et sans avoir de détail qu’un collègue n’avait pas eu d’enfant malgré plusieurs FIV. Du coup j’avais très peur d’être de me retrouver dans ce cas. 

Quand j’interrogeais mon gynéco au sujet des chances de réussite, il restait très évasif. Il me disait qu’il fallait rester positive et me conseillait de prendre les choses une étape après l’autre. Il ne voulait jamais m’expliquer les problèmes qu’on pourrait rencontrer. Ce type de réponse avait le don de m’exaspérer. Loin de me rassurer ce manque d’information m’angoissait. J’étais consciente que la conception d’un enfant est un sujet complexe et qu’il est impossible de prévoir à l’avance ce qu’il va se passer. Malgré les avancées techniques ils ne peuvent pas s’engager sur une réussite. Néanmoins j’avais besoin de savoir à quoi m’attendre. Du coup je me suis tournée vers la seule source d’information qui m’était disponible … internet en évitant de lire tout et n’importe quoi.

J’ai essayé de sélectionner uniquement des articles et des études qui me paraissaient sérieuses.
Le 1er problème auquel j’ai été confrontée (outre le vocabulaire parfois très technique) est que la plupart des études dataient d’il y a 10 ans. Or des progrès considérables avait été faits depuis.
2ème problème, ces études portaient sur un centre ou un hôpital en particulier. Pas moyen de trouver une étude qui consolide les résultats de tous les centres de traitement en France. 
3ème problème, les quelques articles ou études que j’ai trouvés, après des centaines de recherche, ne détaillaient pas les pourcentages de réussite en fonction des différents types de pathologies. Et pourtant ces informations existent mais ne sont jamais publiées même sur les sites d’information spécialisés sur la FIV et l’infertilité.

L’information que je cherchais désespérément : au vu de notre âge et du type de problème qu’on présentait tous les 2 quelles étaient nos chances de réussite ? Je n’ai bien sûr jamais trouvé cette information. 
Je tombais souvent sur le même type d’information qui ne m’apportait rien.
- Chances grossesse naturelle : 25% à 25 ans, 13% à 35 ans et 10% à 40 ans
- Chance de réussite d’une insémination artificielle : 5 à 15 %
- Chance de réussite d’une FIV : 20% (10% par embryon implanté) mais avec un taux de fausse couche élevé (entre 20% à 25%) ce qui ramène le taux de réussite à 16% pour 2 embryons implantés, la réussite d’une FIV dépendant à 90% de la qualité de l’ovocyte et à 10% de la qualité de l’utérus.

Pire que le manque d’information, je suis tombée sur un article (pourtant paru dans un quotidien connu et reconnu) qui, sans être faux, était trompeur. Les résultats présentés dans cet article m’ont démoralisée pendant mes 2 années de traitement et ont accentué mon pessimisme. Ce n’est qu’en attendant le résultat de la 2ème implantation (celle qui a marché) que je suis tombée, par hasard, sur les chiffres bruts de l’étude sur lesquels s’était basé le journaliste pour rédiger son article. En refaisant les calculs des pourcentages de chances de réussite je me suis rendue compte que le pourcentage réel était beaucoup plus élevé. Ce qui m’a beaucoup rassurée pour les quelques jours que j’ai eu à attendre avant d’avoir un test (enfin !!! ) positif.
Comme quoi il faut faire attention aux chiffres !!
Je m’explique : l’article portait sur le résultat des FIV de 8 centres français sur une période donnée. Les conclusions du journaliste étaient que 41% des couples traités dans ces centres avaient eu un enfant au bout de 4 FIV. Pour moi ce résultat était catastrophique. On avait moins d’1 chance sur 2 d’être parent après 4 FIV. Là où le journaliste a, à mon sens, fait une erreur, c’est qu’il a considéré qu’un couple qui abandonné et quittait le centre après un essai était resté sans enfant au bout de 4 FIV. Ce qui est faux, ce couple a pu changer de centre et réussir ailleurs, il a pu y arriver naturellement ou il a pu arrêter les essais mais il y serait arrivé s’il avait continué…

Voici les chiffres source de l’étude
Sur 100 couples qui débutent un traitement par FIV
> 1er FIV : 21 donnent naissance à 1 enfant, 58 tentent une 2ème FIV dans ce centre et 21 quittent le centre
Sur les 58 qui tentent une 2ème FIV

> 2ème FIV : 11 donnent naissance à 1 enfant, 31 tentent une 3ème FIV dans ce centre et 16 quittent le centre
Sur les 31 qui tentent une 3ème FIV

> 3ème FIV : 5 donnent naissance à 1 enfant, 15 tentent une 4ème FIV dans ce centre et 11 quittent le centre
Sur les 15 qui tentent une 4ème FIV

> 4ème FIV : 4 donnent naissance à 1 enfant et 11 n’ont pas d’enfant

Donc sur 100 couples ... 41 ont réussi – 48 ont quitté le centre sans savoir s’ils ont réussi par la suite et 11 n’ont pas réussi.
Donc 41% des couples qui ont commencé dans ces centres ont réussi. Mais ça ne veut pas dire que 59% ont échoué. Si on exclut du calcul ceux qui ont quitté le centre et qu’on se focalise sur l’ensemble des couples qui ont commencé et qui sont restés soit 52 couples le taux de réussite est de 79% (41/52) ce qui est un peu plus optimiste (même si, bien sûr, parmi ceux qui ont quitté les centres avant les 4 FIV certains auraient échoué s’ils étaient restés jusqu’au bout, ce qui aurait fait baissé le taux).

Je trouve quand même dommage que la profession ne communique pas sur quelques chiffres. Cela pousse à aller chercher ailleurs de l’information qui n’est pas très fiable.




Les exemples autour de nous

Bien sûr il est difficile de se comparer aux autres couples car il est rare de connaître les détails de leur parcours étant donné le caractère très intime des problèmes de fertilités. Je partage avec vous quelques exemples autour de moi.

  • 1 couple d’ami : insuffisance ovarienne pour elle 4 FIV qui ont échoué en France. 1 FIV avec donneur ? en Espagne  > jumeaux
  • 1 collègue : même cas que nous > jumeaux
  • 1 autre collège : Problème inconnu. FIV (nombre de tentative inconnu) > jumeaux
  • 1 couple rencontré à un mariage : Problème inconnu. FIV (nombre de tentative inconnu) > jumeaux + un 2ème enfant au bout de 4 FIV
  • 1 couple d’ami : problème et traitement inconnu. On sait juste qu’ils avaient des problèmes pour avoir un enfant. > 1 enfant
  • 1 autre collège : Problème inconnu. FIV (nombre de tentative inconnu) en tout cas 2 ont marché avec quelques années d’écart : 2 enfants avec quelques années d’écart
  • Sœur d’un collègue : problème et traitement inconnu > jumeaux + un deuxième enfant naturellement 2 ans après
  • Sœur d’une collègue : 1 trompe bouchée + spermogramme pas terrible > 1 enfant au bout de la 2ème FIV + 1 enfant naturellement quelques mois après l’accouchement elle a appris qu’elle était enceinte au bout de 3 mois
  • Une amie : problème de sperme (finalement dû à un traitement contre la calvitie, mais ils l’ont su qu’après). 2 FIV qui ont échoué. Enceinte naturellement 2 fois à l’arrêt du traitement.
  • La tante de ma belle-soeur : trompes bouchées 1 FIV > jumelles
  • La fille d’une cousine à ma belle-mère : Difficulté pour faire le 2ème – stimulation ovarienne > triplés
  • 1 collège : Problème inconnu. FIV (nombre de tentative inconnu) > échec pas d’enfant c’est le seul cas que je connaisse.